En 1785, James McGill habite avec sa femme Marie-Charlotte Guillimin, les deux fils de cette dernière nés de son premier mariage et son associé Isaac Todd dans une maison de pierre à un étage sur la rue Notre-Dame (site actuel du nouveau Palais de justice). Derrière la maison se trouve une grande voûte de pierre à deux étages où les deux associés entreposent des pelleteries et des marchandises diverses. Fille d'un négociant prospère de Québec, Marie-Charlotte s'était mariée une première fois avec Joseph-Amable Trottier Desrivières en 1763, alors qu'elle avait seize ans. Son mariage dura huit ans et elle eut quatre enfants, dont deux garçons survécurent. Devenue veuve en 1771, Marie-Charlotte s'occupait de sa petite famille et des affaires de son mari décédé avec son beau-frère et associé, Hypolite Trottier DesRivières. Remariée à James McGill depuis 1776, elle n'eut pas d'autres enfants.
Dès son arrivée à Montréal au milieu des années 1760, James McGill se lança dans le commerce des fourrures. En 1769, il s'alliait à Isaac Todd et tous deux formèrent une société qui durera presque 30 ans. Leur société ne participa que brièvement à la traite au nord-ouest au moment où la Compagnie du Nord-Ouest entrait en scène (1783). Leur activité se concentra davantage sur l'exploitation des abondantes ressources de fourrures de la vallée de l'Ohio. Au milieu des années 1790, le traité de Jay et l'absence de fourrures bon marché amèneront Todd, McGill & Company à abandonner le commerce dans le sud-ouest. Les associés ne seront pas pris au dépourvu, ils auront déjà établi des rapports avec des commerçants de Kingston, Niagara et Détroit. À l'origine, ce commerce visera à assurer le ravitaillement des garnisons britanniques du Haut-Canada, mais il prendra de l'ampleur et se diversifiera avec l'augmentation de la population civile. Des produits importés de fabrication britannique transiteront par Montréal, où arriveront aussi des bateaux chargés de farine, de blé, de bois, de potasse et d'autres produits en provenance de l'intérieur.
Vers la fin du XVIIIe siècle, de nouvelles figures se joindront au commerce de McGill : son beau-fils François-Amable Trottier Desrivières en 1792 et Thomas Blackwood huit ans plus tard. Peu à peu McGill se retirera des activités commerciales et deviendra plus actif dans la politique. Déjà depuis 1776 il était juge de paix et, au début des années 1780, il était un des responsables de l'Union Fire Society. Il sera élu député à l'Assemblée législative en 1792, 1800 et 1804 et, plus important, il acceptera une nomination au Conseil exécutif en 1792. Ami dévoué des gouverneurs, il recevra en 1802 une importante mission avec Joseph-Dominique-Emmanuel LeMoyne de Longueuil et John Richardson : surveiller le démantèlement des fortifications de la ville et planifier de nouveaux aménagements. La rue McGill témoigne de ces travaux majeurs qui se poursuivront jusqu'en 1817. À son décès en 1813, McGill laissera une fortune de plus de 70 000 £, dont 10 000 £ et sa terre de Burnside serviront à la création de l'Université McGill. |