En 1785, Pierre Guy possède un magasin adjacent à sa maison de la rue Saint-Paul où viennent s’approvisionner essentiellement en tissus et en vêtements les Montréalais et les marchands des campagnes environnantes. Il est propriétaire d’emplacements dans la ville et dans les faubourgs et notamment de deux imposantes terres agricoles (dans le secteur de la rue Guy actuelle). S’intéressant de près à la politique et au respect des droits de la bourgeoisie francophone, il figure parmi les personnalités importantes qui revendiquent l’obtention d’une assemblée législative élue. L’an 1785 n’est cependant pas une année de réjouissances pour Pierre Guy qui voit son épouse Marie-Josephte Hervieux décéder en couches. Aidé de sa sœur Élisabeth, de sa servante et de son esclave panisse, il prend en charge l’éducation de ses cinq enfants.
Pierre Guy naquit en 1738 à Montréal. Son père Pierre Guy était un important négociant en relation constante avec les grands marchands de La Rochelle. Après son décès en 1748, sa mère, Marie-Jeanne Truillier dit Lacombe, prit en main l’entreprise familiale. Après avoir été en Europe au lendemain de la Conquête pour régler les affaires de l’entreprise, Pierre Guy s’installa dans le magasin familial sous la direction de sa mère en 1763. L’année suivante, il épousa sa cousine Marie-Josephte Hervieux, fille du marchand Louis-François Hervieux. Il prit ensuite graduellement le contrôle des affaires familiales. Au décès de sa mère en 1770, Guy s’établit avec son épouse dans la maison paternelle rue Saint-Paul, près du boulevard Saint-Laurent actuel.
À l’aide des capitaux hérités de ses parents et de ses beaux-parents, Guy investit dans l’importation de biens en provenance de l’Angleterre. Souvent déçu par la lenteur des livraisons et des paiements, il réduisit progressivement ses commandes. Les années de la Révolution américaine marquèrent le déclin définitif de ses importations. Dès 1781, il accorda davantage d’importance à la politique, à la milice et à l’achat de biens fonciers.
Guy sera nommé en 1787 lieutenant-colonel de la ville et du district de Montréal, puis colonel en 1802, ce qui représentait le plus haut grade pouvant être obtenu par un Canadien français. Décédé en 1812, il léguera ces deux terres, quelques emplacements et une fortune considérable. |