En 1912, Charles M. Hays, maître d’un des plus vastes réseaux ferroviaires de l’Amérique, le Grand Tronc, demeure dans son hôtel particulier sur le flanc du Mont-Royal, au 27 avenue Ontario (rue du musée, aujourd’hui). Il voyage à Londres avec sa famille afin de présider la réunion du Conseil d’administration. Il choisit de revenir sur le Titanic et disparaît dans le catastrophe.
Né, en 1856, à Rock Island, dans l’Illinois, il est nommé directeur-général, en 1896, de la compagnie britannique du Grand Tronc pour résoudre la crise qui sévit suite à une compétition féroce livrée par le Canadien Pacifique. Il réalise deux grands projets de traverses fluviales: la reconstruction en treillis métallique du Pont Victoria en 1897-98 et, en même temps, l’électrification du tunnel sous le fleuve Sainte-Claire sur la ligne de Chicago. Il implante également une flotte maritime sur les Grands Lacs. Hays fait construire, en 1899 et 1902, rue McGill, à Montréal, un siège social de prestige et rétablit rapidement la profitabilité du réseau.
En 1903, il se lance dans la construction d’un transcontinental, le Grand Tronc Pacifique, de Winnipeg à Prince Rupert, sur la côte pacifique, et établit un partenariat avec le gouvernement pour une nouvelle ligne, le National Transcontinental, reliant Winnipeg à Amos, Québec et Moncton. Il construit de gigantesques silos à grains: en 1900-03, l’Élévateur de Portland, au Maine, et, en 1903-06, l’Élévateur B à Montréal. Il se lance aussi dans l’érection de gares urbaines monumentales et d’une chaîne d’hotels luxe, dont le Château Laurier à Ottawa.
Si sa vision est grande et dynamique, son comportement, lui, devient de plus en plus arrogant. Devenu président en 1909, il fait face aux syndicats internationaux qui, ayant obtenu des concessions des réseaux américains, essuient un refus catégorique du Grand Tronc, même si le Canadien Pacifique les accepte. La grève éclate, en 1910, et Hays doit enfin céder devant les énormes pertes de revenus ainsi que la critique du gouvernement et du public. Malgré tout, il enlève les pensions de retraite aux travailleurs pour leur donner une leçon.
Suite à sa disparition dans l’Atlantique en 1912, les dépenses et les obligations du Grand Tronc étaient redevenues insoutenables. Ses successeurs ne savent que faire de la crise montante quand la guerre éclate. En 1919, le Grand Tronc est en faillite et passe en 1920 au réseau étatique du Canadien National. |