En 1849, Jean-Baptiste-Éric Dorion est au cœur d’une des périodes les plus mouvementées de sa vie. En tant que rédacteur du journal L’Avenir et vice-président de l’Institut canadien, il est au centre des polémiques qui secouent la société québécoise. Un des leaders du Parti rouge dont il rédigera le manifeste électoral en 1851, il défend des idées libérales, démocratiques, anticléricales et nationalistes. Ainsi, il préconise l’abolition de la dîme, fardeau abusif sur la population agricole, et du régime seigneurial. Opposé à l’Union forcée du Bas et du Haut-Canada en 1840, il veut l’indépendance du Canada et est en faveur d’une annexion aux États-Unis. Il revendique une éducation davantage pratique axée sur l’entreprise et l’industrie, notamment par la création d’une école de commerce. Il encourage par ailleurs les mouvements de colonisation, notamment des Cantons de l’Est. Toujours célibataire, il réside du côté sud de la rue Saint-Paul, près de la place Jacques-Cartier, dans l’immeuble abritant L’Avenir et l’Institut canadien.
Fils de Pierre-Antoine Dorion, marchand et député patriote, et de Geneviève Bureau, Jean-Baptiste-Éric et son frère jumeau, François-Edmond, naquirent à Sainte-Anne-de-la-Pérade en 1826. Les difficultés financières que connut son père forcèrent Jean-Baptiste-Éric à interrompre les études qu’il avait commencées. Après un séjour à Québec pour apprendre l’anglais, Dorion devint commis-marchand à Trois-Rivières en 1842. L’année suivante, il devint membre de la Société littéraire de Trois-Rivières et édita un journal. En 1844, il quittait Trois-Rivières pour s’installer à Montréal où il contribua à la création de l’Institut canadien et plus tard du journal L’Avenir.
Après l’incendie de l’immeuble qui abritait son journal et l’Institut canadien en 1850 et une défaite électorale en 1851, Dorion quittera Montréal en 1852 pour s’établir à Durham, près de Drummondville. Il épousera l’année suivante Marie Abby Victoria Hays, de qui il aura trois garçons et une fille. Devenu agriculteur, il ne cessera pas pour autant de s’intéresser aux questions politiques et sociales. Il sera élu député du comté de Drummond en 1854, puis de nouveau en 1861. Chef des rouges, il luttera sans relâche contre le projet de Confédération canadienne. Il fondra en 1862 le journal Le Défricheur dans lequel il donnera des conseils pratiques aux agriculteurs tout en y défendant ses idées politiques. Il sera foudroyé d’une crise cardiaque en novembre 1866, à l’âge de 40 ans. |