En 1873, Guillaume Boivin est installé depuis quelques années à Montréal, métropole canadienne de la chaussure. Entrepreneur moyen, il dirige une usine située sur la rue Saint-Paul, près de la rue Saint-Jean-Baptiste. Il y fabrique des bottes et des chaussures avec une connaissance approfondie des techniques les plus récentes de l'industrie. Ses activités industrielles ne l'empêchent toutefois pas de s'illustrer sur la scène publique. Cette même année, Boivin est nommé au Conseil des arts et manufactures de la province où il fait la promotion du progrès industriel et de l'enseignement technique.
Guillaume Boivin est né en 1834 à l'Ancienne-Lorette où il fait l'apprentissage du métier de cordonnier. Il poursuit sa formation à Québec puis, de 1854 à 1856, il se perfectionne à Stoneham au Massachusetts, berceau de l'industrie en Amérique du Nord. Boivin ouvre ensuite sa première boutique à Québec ; il ne tarde pas à la moderniser et à y introduire la machine. Après son arrivée à Montréal, l'entrepreneur acquiert une solide réputation au sein des milieux d'affaires, et devient l'un des plus importants manufacturiers canadiens-français. Malgré une faillite en 1881, Boivin réussit à bâtir une entreprise prospère. Elle occupe d'ailleurs longtemps deux immenses bâtiments contigus sur la place Jacques-Cartier, soient les 438-442 actuels. Elle déménage au 36-40, rue Saint-Paul à partir de 1885.
Boivin jouit d'un niveau de vie confortable et cumule les fonctions les plus prestigieuses. Il est un membre actif de la Chambre de commerce de Montréal et participe à la direction de l'Association Saint-Jean-Baptiste. En 1888, il est nommé à la Commission royale d'enquête sur les relations entre le capital et le travail. Il développe alors une sensibilité particulière pour les questions sociales qui le conduira à oeuvrer au sein du mouvement « Unions de la paix sociale ». À partir de 1892, moment où Boivin remet la direction de l'entreprise à son fils, il s'engage dans le domaine de l'éducation populaire et des loisirs. Boivin s'associe à ce moment à de nombreuses entreprises muséales. Guillaume Boivin s'éteint en 1912 à Montréal en léguant un héritage industriel et culturel important à ses enfants. |