Pour Louisa Goddard Frothingham, propriétaire des terrains et bâtiments situés au 157-163 Saint-Paul ouest, l’année 1873 marque un grand changement dans sa vie. En avril, elle célèbre son 44e anniversaire et deux semaines plus tard, elle épouse John Henry Robinson Molson de la célèbre famille de brasseurs montréalais. Ce mariage tardif a lieu après 30 années de fiançailles, Louisa ayant fait la promesse à son père, veuf depuis 1843, de tenir maison aussi longtemps que nécessaire. C’est d’ailleurs dans cette spacieuse maison de l’avenue Pine qu’elle habite avec son mari.
Louisa n’est toutefois pas demeurée inactive dans l’attente. En 1873, à l’instar de nombreuses femmes appartenant à la bourgeoisie, elle est administratrice de l’asile des orphelins protestants de Montréal, poste qu’elle occupe depuis 1845. En 1873, elle remplace aussi sa belle-sœur, Anne Molson, à la présidence de la Montreal Ladies Educational Association, un organisme qui milite en faveur de l’accessibilité des études supérieures pour les femmes.
Née à Montréal en 1827, Louisa Goddard Frothingham était le fille de John Frothingham, un important quincaillier montréalais. Lors de son décès, en 1870, ce dernier lui légua, ainsi qu’à ses deux frères Frederick et George Henry, une fortune considérable, dont des immeubles dans le Vieux-Montréal, notamment ceux sur lesquels a été construite la quincaillerie Frothingham et Workman.
Après son mariage, Louisa Goddard Frothingham poursuivra ses activités philanthropiques et s’occupera de nombreux organismes de charité de la ville. John Molson décédera en 1897 et laissera à son épouse un héritage qui augmentera sa fortune, fortune qu’elle utilisera pour apporter un soutien financier aux œuvres qui bénéficieront déjà de son soutien moral.
Son mariage tardif l’empêchera d’avoir des enfants et lors de son décès, en 1910, elle fera de nombreux legs à différents organismes de charité, d’éducation ou de santé comme le Montreal General Hospital, la Société bienveillante des dames de Montréal (œuvre pour les familes monoparentales) et l’Université McGill.
Sa biographe présente Louisa Goddard Frothingham comme « un parfait exemple de la femme fortunée du XIXe siècle dotée d’une conscience sociale ». Sa fortune lui assura certes une vie exempte de soucis financiers, mais elle s’en servit aussi pour aider des organismes qui en avaient parfois grandement besoin.
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