Les Poudret sont parmi les plus importants boulangers du début du XVIIIe siècle et tenter de démêler les affaires de cette famille constitue une tâche complexe. Natif de Poitou, Antoine père se trouvait à La Rochelle au moment où il s'engageait auprès des sulpiciens en 1683. Vers 1710, il s'est séparé de corps et de biens de sa femme, Catherine Gendron, son épouse depuis 24 ans. En 1725, Poudret loue et occupe une maison et une boulangerie qui se trouvent sur la rue Saint-François-Xavier près de la rue Saint-Paul et sa femme possède sa propre boulangerie située de l'autre côté de la rue. Parmi leurs enfants, tous adultes en 1725, leur fils Antoine a suivi leur trace dans le métier familial et vient de se marier en décembre 1724 avec Marie-Élisabeth Ferron. De toute apparence, il prend le parti de sa mère, qui lui prête de l'argent en mars et avec laquelle il s'associera en 1727 pour l'achat de 1 000 minots de blé afin de fournir 350 quarts de fleur à un marchand nantais.
Étant donné l'importance du pain dans la diète quotidienne, l'État surveille de près les activités des boulangers et le prix de leurs produits. Aucun boulanger ne peut pratiquer son métier sans une permission préalable. Le premier devoir des boulangers est de tenir en tout temps leur boutique garnie de pains de différentes qualités et ils sont les seuls autorisés à le faire. Certains clients fournissent leur propre blé au boulanger qui fait la cuisson et la livraison par la suite, tandis que les pauvres doivent acheter leur pain directement du boulanger. Mais la vente à crédit se fait à tous les niveaux, de sorte que Louise Dechêne en conclut que la fabrication et la vente du pain n'enrichissent personne. Les profits se font plutôt sur le marché extérieur : la fourniture de biscuit aux marchands-voyageurs et la vente des produits céréaliers outre-mer.
De toute évidence Antoine Poudret fils s'impliquera plus que son père dans ces dernières activités. Tandis que le père se nomme « maître boulanger » pendant toute sa vie, son fils se qualifie de « marchand boulanger » dès son mariage en 1724, une nuance subtile qui suggère néanmoins une carrière ouverte au grand commerce relié au pain. Sa mère et son père décéderont respectivement en 1732 et 1737, le laissant seul membre de la famille dans la boulange. Son propre fils deviendra négociant, autre indication que la famille poursuivra cette orientation vers le commerce. |