Jean-Louis Beaudry est un personnage complexe. En 1873, il est un homme d'affaires reconnu pour ses nombreux succès. Il gère ses affaires dans son bureau aménagé dans un immeuble qu’il a fait construire quelques années plus tôt, face au port, près de la douane (actuel 101-105 de la Commune Ouest). Cet immeuble locatif, où se combinent activités de commerce et de bureau, fait partie de ses nombreux investissements, dont un magasin-entrepôt construit à la fin des années 1850, rue Saint-Paul (actuel 101 Ouest), près de son bureau. Il siège par ailleurs à la Commission du havre de Montréal dont les tout nouveaux locaux sont situés à deux pas également. Il fait partie du conseil d'administration de la Banque Jacques Cartier, à la fondation de laquelle il a participé en 1861. La Banque Jacques Cartier est alors située à l'emplacement de l'actuel édifice Montreal Star (231 Saint-Jacques). Très présent dans le quartier des affaires, il habite ailleurs, dans le chic quartier Saint-Antoine, rue Drummond.
Né à Sainte-Anne-des-Plaines, il quittait dès l'âge de 14 ans la ferme familiale pour commencer sa carrière commerciale à Montréal. En 1834, il ouvrait, avec son frère Jean-Baptiste, un magasin de dry goods (tissus, articles de mercerie, et peut-être d’autres produits), rue Notre-Dame. Son commerce spécialisé dans la vente à rabais d'articles provenant de faillites connut un grand succès. Jean-Louis Beaudry a aussi laissé sa marque sur la scène politique, il s'engagea dans le mouvement patriote et devint même un des vice-présidents de l'aile politique des Fils de la liberté. Après l'échec des Rébellions, il reprenait ses activités d'homme d'affaires (commerce et spéculation foncière) et se ralliait rapidement aux réformistes Louis-Hippolyte Lafontaine et Robert Baldwin. En 1854 et 1857, il essuyait des échecs comme candidat libéral-conservateur et choisissait alors de porter ses ambitions sur la scène municipale. Il fut élu maire de Montréal de 1862 à 1865. Sa mauvaise réputation et une attitude trop obstructionniste lui firent perdre son poste à la mairie.
Il reviendra à l'Hôtel de ville en 1877 et 1878, puis de nouveau de 1881 à 1885. Il fera son dernier discours public en novembre 1885 lors d'un important rassemblement de protestation contre la pendaison de Louis Riel, au Champ de Mars.
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