En 1849, la garnison de Montréal est répartie dans plusieurs casernes à travers la ville, dont les principales se situent dans l'enclos militaire de la partie est de la ville, sur le bord du fleuve (site actuel du développement résidentiel Faubourg Québec). La présence militaire est assez forte à cause de sa fonction d'appui au pouvoir civil, notamment au moment des émeutes et des incendies. En cette année de 1849, on fait souvent appel à l'armée. Après avoir donné son approbation à la loi d'indemnisation des pertes dues aux rébellions, le gouverneur Elgin est incapable de voyager en ville sans une escorte de cavaliers. À plusieurs reprises pendant les quelques mois suivant l'adoption de cette loi, les troupes doivent intervenir et séparer les tories enragés et les Canadiens français qui veulent démontrer leur fidélité au gouverneur. L'armée comptant un grand nombre d'hommes célibataires, a aussi une influence sur les activités socio-économiques notamment sur la consommation et les loisirs. Cette influence peut être mieux appréciée quand on se souvient que les troupes cantonnées en ville se chiffrent à plus de 1 400 hommes par rapport à une population civile de 50 000.
La mort du général Benjamin d'Urban, commandant des armées britanniques en Amérique du nord, rappelle une démonstration populaire des tories et des libéraux. Pendant le mois suivant l'incendie du parlement (25 avril), d'Urban avait tenté d'apaiser les conflits et d'éviter des affrontements entre la foule massée dans la rue et ses troupes. La journée de ses funérailles, 10 000 personnes représentant tout l'éventail politique lui ont rendu hommage.
L'établissement militaire britannique a connu une augmentation sensible depuis la Conquête. Lors de l'arrivée de l'armée britannique en ville en 1760, il n'existait aucune caserne pour l'hébergement des troupes. En ce temps-là, les soldats étaient logés chez des particuliers mais, à partir de 1765, cette pratique était interdite par le parlement britannique. On aménageait des casernes dans d'anciens immeubles du régime français, les magasins du roi et la canoterie royale. En 1784, à la fin de la guerre de l'Indépendance américaine, le garnison de Montréal se composait d'un régiment de 34 officiers et sous-officiers et 330 troupes. Dès 1796, l'armée occupait les anciens couvent et terrain des Récollets; en 1818, il les abandonnaient à Charles William Grant, qui cédait l'Île Sainte-Hélène en échange.
À la fin de la Guerre de 1812, les effectifs militaires atteignaient plus de 1 700 hommes répartis entre les casernes des Récollets et les casernes de la porte de Québec. Bien que celles-ci furent élargies pendant les années 1820, on manquait d'espace une décennie plus tard. De façon temporaire, l'ancienne prison de la rue Notre-Dame servit de casernes. Elle fut occupée à cette fin de 1836, date de l'ouverture de la prison du Pied-du-Courant, jusqu'à environ 1846 alors qu'on décidait de démolir l'ancienne prison pour l'éventuelle construction d'un Palais de justice. Pendant toute la première moitié du XIXe siècle, les installations militaires dans la partie est de la ville domineront le paysage urbain : des casernes de quatre étages, des grands magasins pour le matériel et le ravitaillement militaire, des entrepôts pour l'artillerie et des hôpitaux.
L'armée britannique quittera la ville et le Canada en 1870, après la Confédération, et ses biens immobiliers seront cédés au nouveau gouvernement fédéral. |