C’est l’année finale de la fameuse Allan Line, en 1915, devant ses habituels hangars 2, 3, 5 à Montréal. Le Canadien Pacifique avait secrètement acheté cette entreprise mondiale en 1909, et maintenant il compte la fusionner avec la sienne pour former la Canadien Pacific Overseas Steamships Company. Hugh Andrew Allan, fils d’Andrew et neveu du fondateur Hugh Allan, est le dernier membre de la famille à diriger cette importante société fondée en 1854. Il vient d’ajouter deux grands luxueux paquebots à sa desserte Québec-Liverpool (Alsatian, Calgarian), en 1914, très rapides à 19.5 noeuds (36km/h). Mais c’est peine perdue, puisque la guerre éclate et les navires sont requisitionnés.
En 1882, l’année de décès du fondateur, la Allan Line était à son apogée. Elle venait de transporter, cette année-là, 55 215 voyageurs en Amérique, plus que n’importe quel compétiteur. En 1891, elle offrait, depuis Glascow ou Liverpool, sept dessertes distinctes : à Québec (de Glascow), Montréal (de Liverpool), New York, Boston, Philadelphie, Baltimore, puis Buenos Aires. Elle avait lancé le premier vaisseau en acier (Buenos Aerien), en 1880, puis le premier avec une machine à triple-expansion (Parisian), en 1881. C’est un innovateur important.
Afin de ramasser plus de capitaux, la grande famille Allan décide de devenir entreprise publique, en 1897, incorporant la Allan Line Steamship Company, avec Andrew Allan, de Montréal, à sa tête. Mais les menaces augmentent. En 1902, le financier états-unien, J. P. Morgan, fusionne presque toutes les grandes sociétés maritimes sauf la Allan et la Cunard.Puis en 1903, le Canadien Pacifique lance sa flotte atlantique. La Allan Line riposte avec les deux premières turbines au monde (Virginian, Victorian), en 1905, entre Montréal et Liverpool. Mais face aux ressources plus grandes du CP, de la Cunard et du consortium Morgan (White Star), la Allan cède devant l’offre d’achat du CP. |