En 1873, la firme Villeneuve et Lacaille s’apprête à aménager dans le tout nouveau bloc de magasins-entrepôts que les sœurs hospitalières de Saint-Joseph ont fait construire sur l’ancien site de l’Hôtel-Dieu. L’édifice situé à l’actuel 405-411 Saint-Dizier est imposant et la firme de grossistes-épiciers compte bien s’y installer pour une longue période. Les deux associés habitent alors la rue Saint-Denis, un quartier où sont regroupés de nombreux membres de la petite-bourgeoisie canadienne-française.
Villeneuve et Lacaille sont des marchands de vins, liqueurs et épicerie. Ils offrent à leur clientèle une variété de produits : thé, café, sardines, huile d’olive, tabac, cigares et un grand choix de vin et de liqueurs importés, du brandy au rhum en passant par le gin et le whisky. Ils sont aussi spécialisés dans l’importation et la vente de vins de messe, les diocèses de Montréal et de Québec faisant partie de leur fidèle clientèle.
Fondée en 1854 de l’association de Nazaire Villeneuve et Charles Lacaille, la firme Villeneuve et Lacaille s’installa dans le Vieux-Montréal où le commerce était très actif. En 1864, on pouvait les retrouver dans un local sur la rue Saint-Paul là où s’élève l’actuel édifice J. Roy. En 1874, ils choisissait les nouveaux magasins de l’Hôtel-Dieu.
En 1877, l’entreprise passera sous le contrôle exclusif de Charles Lacaille et prendra le nom de Charles Lacaille et Cie. Charles Lacaille élargira son champ d’intervention et, à l’instar de nombreux compatriotes, on le retrouvera au conseil d’administration de la Banque du peuple au début des années 1890.
Vers 1904, une nouvelle association modifiera encore la raison sociale et Charles Lacaille et Cie deviendra Lacaille-Gendreau. Comme la plupart des grossistes en alimentation, la maison devra composer avec de nouvelles réalités qui influenceront grandement le commerce. En 1919, la création de la Commission des liqueurs du Québec par le gouvernement du Québec réduira à néant le commerce fort lucratif des boissons alcoolisées. L’arrivée d’une nouvelle forme de concurrence, les chaînes de magasin, n’arrangera pas les choses. Enfin, la crise des années 1930 sonnera le glas de la firme : en 1931, Lacaille-Gendreau ne renouvellera pas son bail.
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