En 1785, à la suite de l'arrivée des Loyalistes, la population protestante de Montréal gonfle, mais la congrégation ne possède toujours pas ses propres lieux de culte. En effet, pour les deux groupes importants - les anglicans et les presbytériens - qui forment cette communauté, il n'y qu'un ministre permanent, David Chabrand Delisle, prêtre de l'Église d'Angleterre. Les deux groupes font leurs dévotions ensemble dans l'église des récollets, rue Notre-Dame.
Après la Conquête, les protestants nouvellement arrivés à Montréal étaient desservis par les aumôniers de la garnison britannique. En 1766 le ministre Delisle, natif de France et ordonné selon les rites anglicans à Londres, était nommé aumônier de la garnison de Montréal et, deux ans plus tard, ministre de la congrégation protestante. Cette nomination s'inscrivait dans une politique par laquelle le gouvernement britannique envoyait des ministres bilingues au Bas-Canada, non seulement pour desservir les Britanniques et les quelques protestants francophones, mais aussi pour convertir les Canadiens. Bien que Delisle ne réussit à faire que quelques conversions, il entretenait de bons rapports avec les marchands britanniques bilingues dont plusieurs, dont James McGill, Joseph Frobisher et Simon McTavish, se sont mariés avec des Canadiennes.
À partir de 1786, la congrégation protestante se divisera entre les anglicans et les presbytériens. Ces derniers engageront le ministre John Bethune, mais son séjour à Montréal sera très bref, soit de 1786 à 1787. Les presbytériens ne trouveront un remplaçant à Bethune qu'en 1791 et, l'année suivante, ils construiront leur propre église sur la rue Saint-Gabriel près des réserves des fortifications (site actuel du Vieux Palais de Justice). Entretemps, en 1789, les anglicans se feront accorder l'église des jésuites qu'ils occuperont jusqu'en 1803 lorsqu'un incendie la détruira. Par la suite, cette congrégation construira sa propre église, Christ Church, sur la rue Notre-Dame (site actuel de l'ensemble Cathedral Block). |