Depuis la fin du XVIIIe siècle, l’approvisionnement en eau à Montréal génère des profits importants. L’année 1915 ne fait pas exception, mais, pour la première fois, l’avenir est incertain. Dans les bureaux de la compagnie, au septième étage du Quebec Bank Building du 11 place d’Armes, on espère que l’avenir ressemblera au présent. Cette année, on agrandit le réseau d’aqueduc qui compte maintenant 181 milles de conduites principales. Le nombre de clients augmente de 2 658 et atteint plus de 50 000 en ville. Le nouveau réservoir se remplit, tout comme les coffres de l’entreprise. Pour une capitalisation de 780 000$, un profit net de 195 000$ représente un taux plus que respectable de 25%. Même la Cour suprême du Canada est conciliante : elle déclare que si un manque d’eau cause des pertes par incendie, la compagnie n’est pas responsable. Le seul problème réside dans ce nouveau pouvoir d’expropriation octroyé à la Ville (4 George 5, Cap 109). Il est possible que cette dernière crée un réseau public unique ! Les nouvelles de Tancrède Bienvenu sont réconfortantes, grâce à son poste de directeur général de la Banque provinciale, il connaît bien les gens du milieu municipal et il croit qu’il n’y aura pas de changements.
Pas de changements à court terme, mais un réseau public sera bel et bien réalisé après la guerre. Quant aux sites occupés par la compagnie dans le Vieux-Montréal, l’édifice de la Banque de Québec, mieux connu maintenant sous son nom d’origine du New York Life Building, demeurera un des fleurons architecturaux de la ville, alors que la station de pompage de la Pointe à Callière sera intégrée au musée d’archéologie et d’histoire en 1999.
|