En 1849, la firme Brown & Childs existe depuis cinq ans et se distingue comme la plus grande manufacture de bottes et de chaussures à Montréal. Grâce à l'introduction d'une nouvelle machinerie permettant d’importants accroissements de la productivité, les marchands-manufacturiers Champion Brown et William S. Childs peuvent réduire le prix de leurs chaussures de 10% au mois de mai. Bien que le consommateur y gagne, en contrepartie, ce processus occasionne une importante perte de pouvoir économique pour les compagnons-cordonniers qui se regroupent au sein de la Journeyman Shoemakers' Society et déclenchent une grève. Même si les ouvriers manifestent devant le magasin de Brown & Childs du côté sud de la rue Notre‑Dame (à mi‑chemin entre la rue Saint‑Sulpice et le boulevard Saint‑Laurent), la firme riposte qu’elle est prête à embaucher 500 compagnons‑cordonniers. C'est à partir de cette époque que les compagnons-cordonniers devront progressivement céder leur place à des travailleurs non‑qualifiés et aux machines.
Brown & Childs vont continuer à introduire de nouvelles technologies dans la fabrication de bottes et de chaussures. En 1856, grâce à leur machinerie, ils produiront mille paires de bottes et de chaussures par jour, un niveau de production qui nécessitera de plus grands locaux. L’an suivant, l’entreprise déménagera donc dans deux magasins-entrepôts nouvellement construits à l’angle des rues Saint-Pierre et LeMoyne. Il y sera établi le « mammouth » le magasin de la compagnie, comprenant une spacieuse salle de montre au rez-de-chaussée et, aux étages supérieurs, des salles vouées à la coupe du cuir, à la couture des pièces de l’empeigne, aux travaux de finition et à l’entreposage. Toutefois, d’autres étapes préalables à l’assemblage se feront dans une usine située dans le quartier Sainte-Anne (au coin des rues Canning et Notre-Dame). De plus, 350 cordonniers travaillant à domicile coudront à la main la semelle à l’empeigne.
Bien que l’entreprise Brown & Childs comptera toujours parmi les cinq plus grandes entreprises de la chaussure à Montréal en 1871 et fournira 6% de la production annuelle, elle fermera ses portes l’année suivante. |