Vers 1853, le marchand Johnson Thompson acquiert ce terrain au coin des rues Sainte-Hélène et Le Moyne de la succession C.S. Delorme, en même temps que le lot immédiatement au nord. Sur cet emplacement se trouvait alors deux immeubles résidentiels, chacun doté d’une cour avec remise et écurie. Quelques années plus tard, ces bâtiments accueillent des marchands qui les utilisent à des fins résidentielles et commerciales. En 1859, J. Thompson les remplace par un vaste magasin-entrepôt de quatre étages, conçu par l’architecte et entrepreneur en construction Daniel McNevin. Johnston Thompson en demeure propriétaire jusqu’aux alentours de 1872.
Le premier occupant de l’immeuble est la William Stephen & Co. qui investit les lieux en 1860. Cette entreprise, à laquelle est associé George Stephen, le futur Lord Mount Stephen, jusqu’en 1867, est une très importante maison spécialisée dans la vente en gros de produits textiles importés de Grande-Bretagne et d’Europe ou fabriqués au Canada. Devenue la Robertson, Stephen & Co. en 1868, la raison sociale de l’entreprise connaîtra diverses mutations qui reflètent l’arrivée ou le départ des associés. Ses affaires florissantes entraînent une importante modification du bâtiment vers 1880, alors que le toit plat d’origine est remplacé par une imposante mansarde qui ajoute un cinquième étage. L’entreprise quitte les lieux en 1899.
De 1859 à 1908, ce magasin-entrepôt n’accueille qu’un seul occupant à la fois, provenant pour la plupart du secteur des dry goods (tissus, articles de mercerie et peut-être d’autres produits). L’arrivée d’un nouveau propriétaire, John Armour Robertson, en 1902, entraîne des changements. Ce dernier, qui donne qui donne son nom au bâtiment, est l’auteur de travaux qui font disparaître la mansarde et densifient son occupation. À partir de 1910, l’immeuble héberge un plus grand nombre d’entreprises et plusieurs manufacturiers côtoient dorénavant les grossistes. Des années 1910 à 1930, y cohabitent la vente de produits textiles et du cuir, la fabrication d’accessoires de mode (rubans, plumes d’autruche) et de chapeaux, la confection et la bonneterie. Après une brève incursion de l’imprimerie à l’époque de la Deuxième Guerre mondiale, l’immeuble est à nouveau marqué par la confection et les activités connexes. Au cours des années 1960, on assiste à une certaine diversification des occupants : un commerce d’importation de vaisselle côtoie maintenant les nombreux industriels. La fabrication recule toutefois à la fin de la décennie.
Pendant les années 1970 et 1980, le bâtiment sous-utilisé accueille un restaurant, quelques bureaux et des entrepôts. La situation semble avoir peu évolué avant le début du XXIe siècle; on assiste alors à des travaux qui permettent le recyclage du magasin-entrepôt en copropriétés commerciales.
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