En l'absence d'une mention de confirmation, l’identification « pierre grise de Montréal [calcaire] » est présumée d’après l’apparence et l’époque d’utilisation.
Ce bâtiment fait partie de l'ensemble suivant :
Siège social Robert Reford Histoire de l'ensemble Le siège social de la compagnie de transport maritime Robert Reford (dont l'histoire remonte au XIXe siècle) comprend une maison ancienne, rue du Saint-Sacrement, acquise et rénovée par la compagnie, à laquelle on a ajouté un bâtiment à l'arrière, bâti en plusieurs étapes. Un autre bâtiment du XIXe siècle, rue de l'Hôpital, a été ajouté à l'ensemble.
Cliquez sur le nom de l'ensemble pour obtenir la liste des bâtiments de cet ensemble.
Histoire du bâtiment
En 1810, le marchand Silvain Laurent dit Bérichon commence la construction de cette maison en pierre de deux étages sur le terrain d’un ancien verger qu’il a acquis en 1805. Il n’occupe que brièvement cette résidence qui est parachevée en 1811 et vendue l’année suivante à Michel-Eustache-Gaspard-Alain Chartier de Lotbinière, officier militaire et membre du Conseil législatif, un des plus importants seigneurs de la province possédant les seigneuries de Lotbinière, Vaudreuil et Rigaud. Chartier conserve ce pied-à-terre en ville jusqu’à son décès en 1822.
La propriété, essentiellement résidentielle du temps de Chartier de Lotbinière, prend ensuite un caractère commercial que révèle la construction de hauts entrepôts à l’arrière (disparus). Le grand capitaliste James Ferrier acquiert la propriété en 1841 et la loue à des entreprises de courtiers en grain, d’encanteurs et d’autres marchands en gros qui cherchent un lieu d’affaires dans le secteur des bourses. Il y aurait encore mixité d’occupation pendant un certain temps , mais tout usage domestique de la maison disparaît ensuite au profit de bureaux. Au début des années 1860, Ferrier fait construire à gauche de la maison un étroit bâtiment muni d’une porte cochère, loué indépendamment, que l’agent maritime et marchand en gros Henry Dobell occupe à compter de 1871. Après le décès de James Ferrier en 1888, sa succession conserve la propriété jusqu’en 1909 alors qu’elle la vend à Henry Dobell. Entre la construction et le début du XXe siècle (avant 1903), certains travaux ont probablement lieu, dont l’ajout d’un crépi qui demande le repiquage de la pierre de façade ainsi que, possiblement, un nouveau portail et de nouvelles lucarnes plus grandes que celles d’origine. Après 1909, Dobell utilise toujours ses mêmes locaux ainsi que les entrepôts à l’arrière tandis qu’il loue à d’autres entreprises la maison transformée en bureaux. Divers locataires occupent la maison, notamment des courtiers et un restaurant. Le petit bâtiment de gauche et les entrepôts à l’arrière sont démolis vers 1935, et le terrain ainsi dégagé est aménagé en terrain de stationnement.
En 1944, l’entreprise de transport maritime Robert Reford & Company acquiert la propriété. Elle crée un nouveau siège social regroupant la vieille maison, un bâtiment donnant sur la rue de l’Hôpital et de nouvelles constructions reliant les deux. La maison elle-même est restaurée au début des années 1960. En l’an 2000, la compagnie fait enlever le crépi qui couvrait la façade, exposant le parement en pierre repiquée. L’entreprise Robert Reford & Company quitte les lieux en 2005.
Voir aussi les informations sur le ou les ensembles dont ce bâtiment fait partie.
L'immeuble avant l'enlèvement du crépi et le remplacement des fenêtres. Denis Tremblay, 1998
Architecture
L’implantation de l’immeuble en bordure de la rue avec passage latéral vers l’arrière, sa forme presque carrée, ses deux étages (incluant le rez-de-chaussée) en moellons, son toit à deux versants muni de lucarnes et son haut mur coupe-feu à pignon découvert sont autant de caractéristiques représentatives d’une maison urbaine façon Nouvelle-France
La composition ordonnée et symétrique de la façade comprenant cinq travées, avec l’entrée au centre, peut être associée à cette même tradition, dans une composition d’esprit particulièrement classique. La pierre taillée utilisée en façade et les petites clés au-dessus des ouvertures témoignent en effet d’une manière nouvelle à Montréal au début du XIXe siècle, et ce, malgré la facture encore inégale de l’appareil de pierre et malgré le repiquage probablement ultérieur – pour donner prise à un crépi. Plus encore, le large portail central surmonté d’un fronton et les lucarnes de grandes dimensions relient cette composition à la tradition georgienne nord-américaine. Comme la date de ces éléments demeure inconnue (entre l’époque de la construction et le début du XXe siècle) il est difficile d’associer l’ensemble à un courant architectural particulier – georgien ou néo-georgien? – dans le contexte montréalais.
Au-delà des influences ayant contribué à lui donner son apparence d’origine, cette maison apparaît comme une grande maison bourgeoise de prestige, ce qu’elle était avant que des bureaux commerciaux ne remplacent les activités domestiques.
Silvain Laurent dit Bérichon (marchand) (propriétaire du 1805-10-08 au 1812-05-09)
Commentaire sur la construction
Silvain Laurent dit Bérichon déclare son intention de faire construire une maison en 1805. Mais, pour des raisons inconnues, les travaux ne débutent qu’en automne 1810. Au mois de décembre de cette année-là les ouvrages sur la maison sont déjà avancés lorsque Laurent engage Louis Gravelle, menuisier, pour faire les planchers, les escaliers et d’autres boiseries. Un autre marché notarié passé en juin 1811 nous indique que le tout est presque entièrement parachevé, à l’exception des plâtres et de la peinture.
Marché de menuiserie, 27 décembre 1810 (notaire J.G. Délisle); marché de plâtrage, 24 juin 1811 (notaire J. Desautels).
Fonction(s) d'origine et type particulier
Fonction(s) spécifique(s) :
résidence unifamiliale
Fonction(s) générale(s) :
habitation
Type particulier de bâtiment :
maison urbaine façon Nouvelle-France
Autres propriétaires ou locataires (sélectif)
Propriétaires :
Michel-E.-G.-A. Chartier de Lotbinière (seigneur et membre du Conseil législatif) (propriétaire du 1812-05-09 au 1822-01-01) Chartier de Lotbinière décède le 1er janvier 1822. Lors du règlement de sa succession en 1829, sa fille Louise-Josephte et son époux Robert Unwin Harwood, marchand, deviennent propriétaires de la maison. Le couple hérite en même temps de la seigneurie de Vaudreuil et il se retire de plus en plus de la société montréalaise afin de gérer ce bien. Il vend la maison en 1835.
Henry Dobell (propriétaire du 1909-05-01 à v. 1932) Après que son entreprise commerciale ait occupé une partie de la propriété (à l’exception de la maison) depuis 1871, Henry Dobell achète le tout en 1909. Son entreprise occupe une large partie des lieux jusqu’en 1932 tandis que la maison est louée à d’autres. Les héritiers de Dobell vendent la propriété en 1944.
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par le statut suivant :
Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré). Anciennement un arrondissement historique (1964-01-08) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)